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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 11:20

Voici un texte qui circule dans le milieu enseignant.

Le NPA ne peut pas ignorer que maintenant on ne peut plus seulement parler de "malaise" mais selon les personnes  de craintes, de désespoir, de résignation  mais aussi de révolte, d'indignation.

 

Lettre ouverte d'un collègue

Je vous transmets la lettre ouverte écrite par un collègue, diffusée sur une liste de diffusion, et qu'il souhaite faire parvenir au plus grand nombre. Sa lettre fait suite à la démission d'une collègue de Lettres.

Il s'explique ainsi :

" La lettre de démission de Claire-Hélène, peut-être parce que nous fûmes collègues et amis pendant quelques années, m'a, moi aussi, comme beaucoup de collègues, profondément révolté. Mais, il n'y a pas que ça...

Est-il concevable que ce soit un vieillard de 90 ans passés qui nous rappelle à l'ordre ? Ce que les Tunisiens ont fait, ce que visent les Égyptiens, ne sommes-nous plus en mesure de le faire, au moins en mots ? Qu'est devenue la démocratie où les enseignants s'alignent pour aller à l'abattoir ?

Honorer Stéphane Hessel. Honorer Claire-Hélène. Honorer tous ceux qui ont dit non. Voilà seulement ce que j'ai voulu faire. Soyez nombreux à écrire après moi. Soyons nombreux à faire circuler auprès du plus grand nombre toutes ces lettres ouvertes que nous portons en nous, notre attachement à une certaine école, à une certaine vision de l'homme. Pour la restauration de notre dignité. "

Mesdames et messieurs, très chers compatriotes.

Permettez-moi, à un moment où l’on sent, confusément, que l’on s’en prend à nous depuis si longtemps, et que, très certainement, on prépare la dernière grande attaque contre ce qui a été pour tous, et pendant une si longue période, un modèle de formation de l’homme, permettez-moi, dis-je, de m’exprimer.

L'École est depuis trente ans bafouée, calomniée, attaquée et sapée dans ses fondements et ses principes : trop inégalitaire, trop refermée sur elle-même, trop inadaptée à un monde qui ne marche plus, mais s’emballe – trop chère, surtout, je crois.

Puisqu’ils ont osé mener toutes ces attaques, d’abord discrètement, par touches, puis par en-dessous ou par derrière, et enfin, désormais, en face, de front – permettez-moi de m’exprimer à mon tour. Je m’exprimerai pour tous ses collègues bafoués, meurtris, certains désespérés, tous démunis, honteux parfois. Combien voudraient avoir la force de démissionner, d’abandonner le navire, ou tout simplement de parler, de clamer haut et fort leur scandale, leur colère, leur révolte ?

 

Mon devoir est de parler, je ne veux plus être la victime expiatoire, résignée et silencieuse, désignée à la vindicte et au mépris de mes concitoyens, aveuglés par les discours et les mensonges qu’on leur assène depuis des années. Et c’est à vous, chers concitoyens, que je le crierai,ce refus de voir saccager ce que nous avons de plus précieux, ce qui porte notre avenir et notre espérance, ce qui a pour but de former notre jeunesse et de l’armer pour affronter nos incertains lendemains.

Serai-je entendu ? Serai-je seulement écouté ? Qu’importe ! Je veux, désormais, car tel est mon devoir, être de ceux qui auront dit non.

Je refuse d’abandonner ma dignité de professeur, et je vous en refuse le pouvoir. Je ne me laisserai plus bafouer en silence.

Je refuse la lente et inéluctable dérive de notre école républicaine.

Je refuse de vous laisser continuer à brader l’École de la République et à privatiser peu à peu nos établissements.

Je refuse d’obéir en silence à des bureaucrates et à des comptables.

Je refuse de me laisser transformer en un vague gardien de troupeaux, en berger isolé au milieu des moutons.

Je refuse de me laisser mépriser, insulter par vos grossières manipulations, et par les rumeurs diffamantes que vous faites courir sur nous.

Je refuse de voir mon métier réduit à ses vacances scolaires, ou à de présumées sempiternelles grèves.

Je refuse l’idée selon laquelle nos réclamations viseraient toujours notre bien-être : quand nous nous battons, le plus souvent, c’est pour défendre notre idée de l’école pour tous, et non le confort de notre métier.

Je refuse de me voir imputer la responsabilité d’un désastre organisé et planifié depuis trente ans par toute la classe politique et son innombrable clique de gestionnaires.

Je refuse d’être transformé, après tant d’années de formation universitaire, tant de génie étudié et côtoyé, tant de difficile labeur intellectuel désintéressé, je refuse d’être cantonné dans le rôle d’un cocheur de cases, d’un valideur d’improbables compétences et de leur plus improbable livret. Faut-il que nos enfants se promènent désormais avec un livret recensant leurs compétences ? Un passeport pour déambuler de poste précaire en emploi à durée déterminée ? Il s’agit bien de compétences, là où nous travaillons laborieusement à éveiller les appétences de ces adolescents gavés de publicité et acquis à toutes les immédiates facilités de la technologie et du commerce !

Je refuse d’être transformé en pitoyable orpailleur de compétences, condamné à chercher sans cesse, à brasser des litres de boue pour découvrir une discutable pépite dont on me débarrassera sans que je n’en puisse seulement rien faire...

Je refuse le collège unique et ses sempiternels mensonges d’égalité, ses projets toujours innovants, et toujours abandonnés, les délires des pédagogues bon ton et des bien-pensants qui ne voient d’élèves que de loin en loin. J’aime mes élèves, et par-dessus tout, je refuse catégoriquement qu’on puisse en douter, ou qu’on m’en refuse le droit. Si je suis encore enseignant, aujourd’hui, c’est seulement pour l’amour et la curiosité que j’entretiens à leur égard ! Et si, souvent, je suis dur avec eux, je suis déçu par eux,c’est par amour déçu, et par peur pour leurs lendemains incertains.

Je me refuse à être un simple animateur socioculturel, je me refuse à les occuper, ces perdus pour la culture et le savoir, ces pauvres d’esprit, parfois quasi illettrés après dix ans de scolarité.

Je refuse de découper, séparer en portions, mes élèves, ces petits humains, en listes de compétences, en « piliers » bâtis pour soutenir le vide de constructions insensées – modernes tours de Babel qui ne concurrencent plus que les abîmes ! Je clame que tout être humain vaut plus que la somme de ses parties, de ses compétences définies par ceux qui veulent toujours réduire l’humain, l’assujettir à la machine et à la technologie.

Je me refuse, aussi, à me laisser piétiner par les « enfants-rois » à qui on ne sait plus dire non.

Je refuse d’être la cible de ces enfants, cibles perpétuelles des publicitaires.

Je refuse de m’abaisser à complaire à l’air du temps.

Je refuse de brader mon savoir, ma culture et toute la séculaire humanité qui repose en moi, pour me métamorphoser en un gestionnaire à la petite semaine, triste manager qui gère du temps de présence, qui cherche ce que peuvent valoir ses élèves, et non pas ce qu’ils sont.

Je refuse de voir arriver tous ces jeunes collègues abandonnés à leur poste d’avant-garde sans aucune formation, sans aucune préparation, comme si le métier de professeur n’en était pas un, comme si notre public ne méritait pas un minimum de respect. On voudrait nous infantiliser, nous faire sentir inutiles et sans valeur, on ne s’y prendrait pas autrement. A quoi bon apprendre à devenir professeur, c’est sans doute le métier le plus impossible, la gageure la plus irréductible. Nos enfants ne méritent-ils pas une véritable éducation ? N’importe qui peut-il leur enseigner n’importe quoi ?

Je refuse d’abdiquer, désormais. Je revendique notre valeur. On nous accuse d’être une force d’inertie, un « mammouth » inutile et non rentable ? Mais à quel mouvement nous opposons-nous ? Je crois que nous devons être les freins de cette société que les chauffeurs, devenus fous, lancent dans un précipice, tandis que les passagers, préoccupés, regardent ailleurs. Nous devons forcer chacun à regarder tout droit.

Je sais ce que j’encours pour ces refus. Je les imagine déjà me menaçant de m’enlever de l’argent, de me punir comme un méchant petit fonctionnaire désobéissant.

Nous, les enseignants, avons le devoir de désobéir à ces ordres que nous savons iniques et dangereux. Nous sommes fonctionnaires, nous devons obéir aux décrets et circulaires ?

Et bien je refuse cette obéissance aveugle. Certes, le socle commun et les compétences ne conduiront pas nos enfants dans des wagons plombés, mais je clame qu’il est de notre devoir de désobéir, de refuser ces artifices qui nous détournent du meilleur de l’humain, qui ne cherchent pas à élever ou grandir les élèves – ce qui, pour moi comme pour beaucoup d’autres, demeure la tâche fondamentale et irréductible de l’enseignant.

Je m’indigne ! Indignons-nous !

Indignez-vous avec nous, et refondons notre dignité.

David Corre,

Académie de Créteil,

professeur de Lettres en collège depuis septembre 1998.

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Ces électeurs de gauche complexés par le #Fhaine qui te disent ils faut les comprendre , comprendre quoi le racisme ? l'antisémitisme ?

Grosse victoire du FN, présent au second tour dans 0,33% des villes.

Depuis un mois il y a UNE GREVE PAR JOUR EN ALLEMAGNE, pour les salaires et les conditions de travail.

"Voter, c'est se choisir un maître."

Élisée RECLUS (1830-1905)

François #Léotard appelle à bâtir un #mur contre le #FrontNational. On espère que cette fois il gardera les #factures de ses travaux.

En écoutant Harlem Désir je me dis qu'une branlée c'est pas suffisant, il en faudra au moins 4 ou 5 pour que ça rentre #FranceInter

Une petite américaine renvoyée de son école pour manque de féminité http://bit.ly/1l6C5ZE 

Propositions UMP contre chômage : Fin des 35H, contrat de travail précaire pour tous et indemnités chômage en baisse http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20130426.OBS7274/l-ump-propose-de-liberer-le-travail-pour-revenir-au-plein-emploi.html …

8 millions de chômeurs en France mais Bruno Le Maire et l'UMP croient encore que c'est par manque de motivation.

suppression de la demi-part pour les veuves, votée sous Sarkozy mais effets douloureux maintenant.

La fortune de L.Bettencourt s'est accrue de 3,4 milliards € entre 2012 & 2013

Le coût annuel du RSA tourne autour de 3,8 milliards €

Des tigres mis à mort pour le plaisir de riches Chinois - Lindépendant.fr http://www.lindependant.fr/2014/03/27/des-tigres-mis-a-mort-pour-le-plaisir-de-riches-chinois,1864388.php …

Parlons du coût du #capital et des #actionnaires ! | RT @Inachi46400 Arrêtez de parler du coût du travail !

De toute façon, à partir du moment où il faut payer un salarié, c'est déjà trop cher... #MEDEFstyle

Lebranchu "les électeurs nous ont dit qu'on donne trop aux patrons" & "nous allons baisser les charges & c'est courageux" #Inter Consternant

Le #FMI a commencé à "aider" l'#Ukraine.

-10 % des effectifs de la fonction publique

gel des retraites et des salaires

hausse du prix du gaz

#DPDA a commencé l'émission sur ..25% de Français voudraient une Dictature 

-À six ans : « Je veux être astronaute ! » 

-À 22 ans : « C’est avec grand enthousiasme que je postule à votre stage non-rémunéré. »

Les arbres morts ne pourrissent pas à Tchernobyl, et c'est un vrai danger | Slate http://www.slate.fr/monde/85211/arbres-pourrissent-pas-tchernobyl-danger-nucléaire …

Le Royaume-Uni gagne 3 pts de PIB sur la France en adoptant le mariage gay à l'unanimité sans manifestations débiles.

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Attention si le #FN gagne dans votre ville, il faudra reculer votre montre de 74 ans. #mainsbrunes

Au moment où Merkel introduit le Smic en Allemagne, le brillant Pascal Lamy prône les petits boulots pourris à la Schröder #lagauche

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